C’est sur les terrains de sport du bois de Vincennes que s’est jouée la 7ème édition du festival We Love Green sous un soleil de plomb. Et ce rendez-vous, encore confidentiel en 2011 avec seulement 13 000 festivaliers, depuis adoubé par Greener Festival dans la catégorie Outstanding, a tenu toutes ses promesses, même en présence de 70 000 personnes. Une croissance raisonnée dont les organisateurs semblent maîtriser tous les rouages sans sacrifier leur ADN…
Lundi matin. Mes jambes ont accusé 32 356 pas en un weekend dont 7 840 en sautillements sur Mount Kimbie. Mes allergies sont venues me rappeler que je n’aimais pas tout ce qui était vert et ma tête, légèrement sonnée, me remercie de ne pas avoir abusé de cette tente à rosé.
De cette édition, je repars avec le riff funk et planant des « avions » américains Khruangbin autant que la voix cosmique de l’ange Sampha qui nous a délectés d’un live divin, mais pas seulement. Avec son énergie, la formation franco-congolaise KOKOKO! a littéralement mis le feu à la pelouse de la Canopée alors que le new-yorkais Gus Dapperton a relevé le pari de nous faire twister un dimanche après-midi comme chez Drucker grâce à sa bedroom pop. Le jazz-rock torturé de King Krule me met à l’aise, mais je lui préfère la techno disco de Daphni pour le coucher de soleil dominical. Je suis cependant sûre que la scénographie floro-génitale de Björk viendra me réveiller en pleine nuit, tout comme la reprise ubuesque de Pour que tu m’aimes encore de Chaton ou le set techniquement irréprochable de Jamie XX.
De tous les festivals où mon intérêt pour la musique m’a promenée (Rock en Seine, Lollapalooza, Sonar, FIB, Splendour on the Grass, Pete the Monkey…), j’avoue avoir été bluffée par l’esprit responsable de We Love Green. L’événement, qui économisait l’année dernière 5,22 tonnes de CO2 grâce aux dons alimentaires, ses déchets compostés, l’emploi d’énergies renouvelables et ses points d’eau gratuits, a développé une programmation d’interventions et une signalétique qui poussent à la douceur et au respect, même entre festivaliers. Pas un mégot par terre grâce aux cendriers mobiles distribués en masse, une assemblée mobilisée et taraudée de questions face au Plan Climat développé par l’adjointe à la Maire de Paris Célia Blauel… Ici, les festivaliers sont aussi habités que civilisés, en ligne devant les toilettes sèches ou s’excusant platement d’un coup d’épaule en pleine transe… On ne peut qu’apprécier, dans cette foule parfois compacte, le sentiment d’humanité qui flotte sur l’événement.
Tourné vers le futur, We Love Green l’est définitivement si l’on s’en tient également à l’accueil VIP réservé aux plus jeunes pour 1€ symbolique. Création de guirlandes upcyclées, maquillage végétal, fabrication d’un totem, yoga, goûter bio et ateliers animés par SurfRider Foundation : on aimerait que les écoles maternelles s’inspirent davantage de cette programmation ludique éco-friendly.
Et pour les ventres ? Contrairement à d’autres festivals qui se contentent de surfer sur une offre de burgers hors de prix ou de barquettes de saucisses frites pour les étudiants, mon estomac, pourtant très exigeant, a pu s’expédier différentes cuisines bio ou locavores pendant 2 jours, sans y sacrifier 1h de concert.
Je reviendrai We Love Green. Je suis persuadée que ton public au look béton ne vient pas que pour tes initiatives écolo, mais tu as su profiter du pouvoir fédérateur de la musique pour créer cette plateforme pleine d’avenir pour imposer ta vision, celle de l’évidence devant les urgences que l’on connaît, et face auxquelles les jeunes ne peuvent plus fermer les yeux. J’espère que tu inspireras plein d’autres événements du genre mais que tu resteras à taille humaine tout en t’affranchissant des opés marketing douteuses des marques qui veulent s’offrir une conscience green (hein Total !). L’année prochaine, tu feras juste en sorte de nous installer un joli petit parking à vélos et un grand écran carburant au solaire pour la scène de la Prairie et le bonheur sera total.
directrice conseil associée
Lucile, c’est la générosité et l’intensité du Sud-Ouest, mêlées à l’ouverture d’esprit et la décontraction de La Réunion où elle a également ancré ses racines. C’est aussi une tête chercheuse à la créativité et la curiosité inépuisables qui ne recule devant aucun challenge, partant du principe que la vérité est toujours ailleurs… Une capitaine d’équipe entourée de 3 piliers qui foncent droit dans la mêlée quand le coup de sifflet retentit !
Du surf à l’escalade en passant par le shopping, aucune discipline outdoor ne lui résiste… Et elle leur rend bien !